Réflexion de Lamennais - Livre 2, chapitre 12
La doctrine de la Croix, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, est ce que les hommes comprennent le moins.
Qu'un Dieu soit mort pour les sauver, leur raison s'abaissera devant ce mystère: mais qu'ils doivent s'associer à cet étonnant sacrifice, en mourant à eux-mêmes, à leurs passions, à leurs volontés, à leurs désirs, voilà ce qui les révolte et leur fait dire comme les Capharnaïtes: Cette parole est dure; et qui peut l'entendre ?
Il faut bien pourtant que nous l'entendions; car notre salut dépend de là. Le Ciel était séparé de la terre. La Croix les a réunis. Et c'est du pied de la Croix que part tout ce qui va jusqu'au Ciel. Pressons-nous donc contre la Croix; qu'elle soit ici-bas notre consolation, comme elle est notre force. Lorsque, dans sa bonté, Dieu nous envoie quelque épreuve, disons avec saint André: O douce Croix ! Si longtemps désirée et préparée maintenant pour cette âme qui la souhaitait ardemment !
Tous les saints ont senti ce désir, tous ont tenu ce langage. Souffrir ou mourir, répétait souvent sainte Thérèse, et dans la souffrance, elle trouvait plus de paix et de bonheur que n'en goûteront jamais ceux que le monde appelle heureux. Une seule larme versée aux pieds de Jésus, est plus délicieuse mille fois que tous les plaisirs du siècle.
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