Réflexion de Lamennais - Livre 2, chapitre 3
Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu.
Comprenez la grandeur de ce nom et l'instruction profonde qu'il renferme. La paix, c'est l'ordre parfait: et le trouble, les dissensions, les discordes, la guerre, ne sont entrés dans le monde que par la violation de l'ordre ou par le péché. Ainsi, point de paix où règne le péché; point de paix dans l'homme dont les pensées, les affections, les volontés ne sont pas en tout conformes à l'ordre ou à la vérité et à la volonté de Dieu: point de paix dans la société dont les doctrines et les lois s'écartent de la loi et des doctrines révélées de Dieu.
Et quiconque, homme ou peuple, méprise cette loi, nie ces doctrines, ne fût-ce qu'en un seul point, cet homme, ce peuple rebelle à Dieu, subit à l'instant le châtiment de son crime. Un malaise inconnu s'empare de lui: je ne sais quelle force désordonnée le pousse et le repousse en tous sens, et nulle part il ne trouve de repos. Comme Caïn, après son meurtre, il a peur.
Non, la paix n'est, en effet que pour les enfants de Dieu. Ils la goûtent en eux-mêmes, et la répandent sur les autres. Elle coule, pour ainsi dire de leur cœur, comme ces fleuves qui arrosaient l'heureux séjour de notre premier père, au temps de son innocence. Et quand viendra la dernière heure, ce sera encore la paix, car le royaume de Dieu est justice et paix. Enfants de Dieu, entrez dans le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde.