Réflexion de Lamennais - Livre 4, chapitre 4
Jésus-Christ, près de quitter la terre, promit à ses disciples de leur envoyer l'Esprit consolateur; et c'est ce divin Esprit qui nous est donné dans les sacrements de la nouvelle alliance. Amour substantiel du Père et du Fils, il aide notre infirmité, car nous ne savons pas demander comme il faut; mais l'Esprit demande pour nous avec des gémissements ineffables; et celui qui scrute les cœurs sait ce que désire l'Esprit, parce qu'il demande selon Dieu pour les saints.
Par une invisible opération, aussi douce que puissante, il incline librement notre volonté au bien, il la purifie, il l'élève vers Dieu; il est notre force, comme le Verbe est notre lumière. Or, quand nous possédons en nous Jésus-Christ, nous possédons le Verbe même, et nous participons à tous les dons que le Verbe et l'Esprit, qui procède de lui, répandent incessamment sur l'humanité sainte du Sauveur, devenu un avec nous par la communion de son corps et de son sang, de son âme et de sa divinité, qui en est inséparable.
En lui sont toutes les richesses de la plénitude de l'intelligence, tous les trésors de la sagesse et de la science souveraine, et ces trésors, il les ouvre pour nous dans le sacrement de l'Eucharistie; il nous dispense selon nos besoins ces célestes richesses, tandis que l'Esprit sanctificateur nous embrase de ses flammes divines qui consument les dernières traces du péché, nous donnent comme un avant-goût de la félicité céleste, et nous préparent à en jouir pleinement, lorsque nous aurons atteint le terme heureux de nos épreuves sur la terre.
Allez donc à la source des grâces, allez à l'autel, allez à Jésus; et à qui, Seigneur, irions-nous ? Vous seul avez les paroles de la vie éternelle. Languissants, vous nous fortifiez; affligés, vous nous consolez; troublés par les tempêtes qui s'élèvent au-dedans et au-dehors de nous, vous commandez aux vents, et il se fait un grand calme. O Jésus, votre amour me presse, et mon âme a défailli dans l'ardeur de m'unir à vous. C'est là tout mon désir, je n'en ai point d'autre; je ne veux que vous, ô mon Dieu ! Oh ! Quand pourrai-je dire: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui: ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi ?